ZLECAf : transformer le commerce et la croissance en Afrique

ZLECAf : transformer le commerce et la croissance en Afrique

13 décembre 2023

La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) est saluée par le Secrétaire général des Nations Unies comme un moteur de croissance économique durable pour l’Afrique. Avec un marché potentiel de 1,3 milliard de personnes et un PIB combiné de 3,4 trillions de dollars, cette initiative promet de transformer le commerce intra-africain. Quel impact cette intégration économique aura-t-elle sur les diverses économies du continent ? 

La pandémie de COVID-19 a porté un coup dur à l’économie africaine, freinant la croissance robuste que de nombreux pays du continent avaient connue. Lors de la dernière journée du Cycle de conférences annuel sur l’Afrique à New York, António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a souligné les répercussions de la pandémie, exacerbées par des crises telles que l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cet enchaînement d’événements a entraîné une augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, aggravant la pauvreté, les inégalités et l’insécurité alimentaire. 

En parallèle, les gouvernements africains font face à des taux d’intérêt croissants, augmentant le risque d’endettement, tandis que le changement climatique continue de menacer la région avec des catastrophes naturelles dévastatrices.

Face à ces défis, Guterres a insisté sur l’urgence d’intensifier les efforts pour créer un marché commercial unique sur le continent, en accord avec l’Agenda 2030 pour le développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), présentée comme la plus grande au monde, est perçue comme un moteur essentiel de cette croissance. Sa mise en œuvre complète pourrait, selon les estimations, générer des gains de revenus allant jusqu’à 9 % d’ici 2035, permettant à 50 millions de personnes de sortir de l’extrême pauvreté et de réduire les inégalités de revenus. Cependant, pour réaliser pleinement le potentiel de la ZLECAf, des actions concrètes dans quatre domaines clés sont nécessaires, incluant la stimulation de l’accès aux ressources financières et à l’investissement, la réforme du système financier mondial pour une meilleure représentation de l’Afrique, la suppression des obstacles au commerce intra-africain et la mise en place de chaînes d’approvisionnement « made in Africa ».

Vers la quatrième révolution industrielle.

Le développement de l’énergie et des infrastructures numériques est également crucial pour que les pays africains renforcent leurs capacités de production et exploitent le potentiel de l’innovation et de l’esprit d’entreprise. L’Afrique, dotée de ressources pouvant la propulser en tant que leader dans le domaine des énergies propres, n’a cependant reçu que 2 % des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables au cours de la dernière décennie. L’accent doit donc être mis sur l’industrialisation et l’utilisation de la technologie pour avancer vers la quatrième révolution industrielle.

Enfin, Guterres a mis en lumière l’importance de l’investissement dans le capital humain. La population africaine, jeune et dynamique, représente non seulement une main-d’œuvre capable mais aussi un marché énorme. Pour que les Africains contribuent pleinement à la révolution numérique et à la croissance durable du continent, la création d’emplois décents, en particulier pour les femmes, ainsi que la promotion de l’éducation, de la formation et de l’apprentissage tout au long de la vie sont indispensables.

Quels impacts ?

L’intégration économique à travers la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) a le potentiel de transformer radicalement les économies du continent africain. Cette intégration favorise un marché unique pour les biens et services, permettant une circulation plus libre des ressources, des compétences et des investissements. En conséquence, les économies africaines, souvent limitées par les frontières nationales et les barrières commerciales, pourraient connaître une expansion significative de leur marché interne. Cela aurait un effet multiplicateur sur la croissance, en stimulant la demande et l’offre dans des secteurs clés. 

De plus, en réduisant les barrières douanières et non douanières, la ZLECAf pourrait augmenter considérablement le commerce intra-africain. Selon des études, le commerce entre les pays africains peut augmenter de 15 à 25 % d’ici 2040, ce qui représente des dizaines de milliards de dollars en termes de valeur ajoutée chaque année.

En outre, l’intégration économique à travers la ZLECAf pourrait conduire à une diversification économique. Actuellement, de nombreux pays africains dépendent fortement de l’exportation de quelques produits de base, ce qui les rend vulnérables aux fluctuations des prix mondiaux. La ZLECAf encourage les économies africaines à élargir leur base de production et à explorer de nouvelles industries, réduisant ainsi leur dépendance à l’égard de secteurs spécifiques. Cela peut également conduire à une augmentation des investissements dans des secteurs tels que la fabrication et les services, créant de nouvelles opportunités d’emploi et stimulant la croissance économique. De plus, la participation accrue des entreprises locales dans les chaînes de valeur régionales et mondiales peut entraîner une amélioration des compétences et des technologies, renforçant ainsi la compétitivité des économies africaines sur la scène mondiale.

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