A l’instar des autres régions du monde et du reste du continent, l’Afrique de l’Ouest a été durement touchée par la pandémie de la COVID-19 qui avait fini de plonger la quasi-totalité des pans des économies dans une impasse et installer les populations dans des lendemains incertains. Cette crise sanitaire a perturbé les chaines de productions, d’approvisionnement, de distribution au sein des Etats. Elle a contraint beaucoup d’entreprises d’envoyer une bonne partie de leur personnel en congé forcé ou au chômage technique. Cela, du fait de la fermeture des entreprises, des hôtels, des perturbations dans le sous secteur des transports aériens… Autant de facteurs qui ont affecté les grands équilibres macroéconomiques de la sous-région. Ainsi, comme l’ont montré les projections de certaines institutions internationales spécialisées. En effet, les dernières perspectives économiques de la Banque africaine de développement (BAD) publiée en début de juillet 2020, indiquaient que dans un scénario de référence prudent, l’économie ouest africaine devrait désormais se contracter de -2,0% en 2020, 6 points de pourcentage de moins que le taux de croissance prévu avant la pandémie. Dans le pire des cas, avec la durée prolongée et l’ampleur de la propagation de la COVID-19 jusqu’à la fin de 2020, le PIB réel pourrait chuter de -4,3 %. La croissance dans la région sera affectée par une combinaison de canaux de transmission.
Sur ce même registre, le Fonds monétaire internationale (Fmi), dans ses dernières perspectives économiques, confirme ces tendances pessimistes en indiquant que la région subsaharienne devrait enregistrer une contraction de 1,6 % cette année, le pire résultat jamais enregistré. La crise économique exacerbera les conditions sociales et aggravera les vulnérabilités économiques existantes, tandis que les mesures d’endiguement et de distanciation sociale compromettront inévitablement les moyens d’existence d’innombrables personnes. Toutes ces projections peu reluisantes traduisent l’ampleur de la crise sanitaire avec ses lots d’impacts incalculables. Après deux trimestres d’incertitudes et de ralentissements, l’heure est à la cogitation afin d’élaborer des plans de relance des économies durement touchées. Chaque Etat planche sur les meilleures stratégies à mettre en place pour assurer une reprise réussie de ses activités économiques malgré la persistance de la crise sanitaire. Cette dernière a mis à nu la fragilité des segments de l’économie de certains pays et la dépendance de l’essentiel des pays de l’Afrique de l’Ouest au marché internationale.
C’est pourquoi la survenance des chocs exogènes – pandémie de la COVID-19 – a profondément affecté la stabilité macroéconomique de certains Etats (baisse du taux de croissance, flambée des prix, hausse du taux d’endettement…). Aujourd’hui, l’heure de changer les paradigmes de développement a plus que jamais sonné ; les Etats sont contraints de repenser leur modèle de développement en privilégiant les bases productives locales et les forces endogènes. Ceci permettre d’être plus autonome vis-à-vis de l’étranger et résilient face aux perturbations du marché international. Comme le soulignait Vera Songwe, Secrétaire général adjoint de l’ONU et Secrétaire Exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), lors d’un webinair sur la relance des économies africaines. L’économiste évoquait plusieurs pistes de réflexion pour le développement de modèles de sortie de crise post COVID19. Parmi ces derniers le renforcement de la gouvernance économique, en vue de s’assurer que les fonds bénéficient à ceux qui en ont le plus besoin, le développement de l’économie numérique, la gestion du changement climatique, un système financier repensé pour meilleur usage des ressources financières domestiques telles que les fonds de pension africains et la relance de la consommation à travers le continent grâce à la Zone de Libre Echange Continentale Africaine.
Dans la même veine, la Banque africaine de développement (BAD), dans ses perspectives économiques 2020, invite les pays de l’Afrique de l’Ouest à mettre en œuvre des réformes structurelles pour accélérer la transformation et la diversification économiques, en particulier dans les économies de la région à la traîne, tout en maintenant la dynamique de croissance pour les économies à forte croissance. S’y ajoute la mise en place d’une stratégie crédible pour consolider la dette, en mettant l’accent sur l’amélioration de la transparence budgétaire dans toute l’Afrique de l’Ouest. Il importe, selon la BAD, de consacrer la nouvelle dette à des projets productifs qui peuvent générer des flux de recettes en vue de l’auto-amortissement, afin d’éviter le fardeau intergénérationnel de la dette. Les partenaires au développement devraient dialoguer de manière proactive avec les autorités aux niveaux national et régional pour concevoir des montages financiers appropriés qui tiennent compte de la marge de manœuvre budgétaire limitée dont dispose la région.
Par Abdou DIAW, Journaliste économique, PhD Candidate (Dakar, Sénégal)
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