Bien que relativement nouveau, le Mobile Money ou paiement mobile, a déjà laissé une empreinte indélébile sur le paysage économique du continent africain. L’origine de cette innovation remonte à 2007, au Kenya, avec le lancement de M-Pesa par Vodafone. Ce service a été un véritable pionnier, marquant le début de l’évolution du paiement mobile en Afrique. Depuis lors, le concept s’est répandu comme une traînée de poudre à travers le continent, changeant la façon dont les Africains perçoivent et utilisent l’argent.
Selon le GSMA rapport Mobile Money, l’Afrique a dominé le marché mondial du Mobile Money en 2022, avec une impressionnante part de 66,3% de la valeur globale des transactions. Ces chiffres traduisent non seulement l’adoption rapide de cette technologie sur le continent, mais aussi son potentiel à façonner l’avenir de l’inclusion financière en Afrique.
En effet, l’inclusion financière en Afrique est au cœur des préoccupations et c’est dans ce contexte que le Mobile Money émerge comme une solution innovante et adaptée aux réalités africaines. Historiquement, l’accès aux services bancaires en Afrique a été entravé par divers facteurs. Les infrastructures bancaires physiques, par exemple, étaient souvent concentrées dans les zones urbaines, laissant de vastes régions rurales sans accès à ces services essentiels. De plus, les exigences documentaires et les frais associés à l’ouverture et à la gestion d’un compte bancaire traditionnel peuvent être prohibitifs pour de nombreux Africains. C’est ici que le Mobile Money intervient comme une bouffée d’air frais. Avec la pénétration croissante de la téléphonie mobile sur le continent, le téléphone est devenu bien plus qu’un simple outil de communication. Il est devenu un portail vers des services financiers inclusifs. Le Mobile Money permet aux utilisateurs de stocker de l’argent sous forme électronique, offrant ainsi une alternative aux comptes bancaires traditionnels. Cette flexibilité est particulièrement bénéfique pour les travailleurs informels, les agriculteurs et les petites entreprises qui peuvent désormais gérer leurs finances avec facilité et sécurité.
Au-delà des simples transferts d’argent, le Mobile Money a évolué pour offrir une gamme diversifiée de services. Les utilisateurs peuvent désormais payer leurs factures d’électricité, d’eau ou de scolarité directement depuis leur téléphone. Ils peuvent également épargner, investir et même souscrire à des produits d’assurance. Dans certains pays, des partenariats entre opérateurs de téléphonie mobile et banques ont vu le jour, permettant aux utilisateurs de Mobile Money d’accéder à des crédits à court terme. L’impact socio-économique de cette révolution est palpable. Les familles peuvent désormais envoyer et recevoir de l’argent instantanément, sans avoir à parcourir de longues distances ou à payer des frais exorbitants. Les entrepreneurs ont accès à des services financiers qui soutiennent la croissance de leurs entreprises. Et, peut-être plus important encore, le Mobile Money favorise la formalisation de l’économie, car chaque transaction laisse une empreinte numérique qui peut être suivie et analysée.
Cependant, comme toute innovation, le Mobile Money en Afrique n’est pas sans défis. L’un des principaux obstacles est la taxation des transactions par les gouvernements. Comprendre la nature de ces défis et leurs implications est essentiel pour envisager l’avenir du Mobile Money en Afrique. La taxation des transactions Mobile Money est souvent perçue par les gouvernements comme une nouvelle source de revenus. Face à des pressions budgétaires croissantes et à la recherche de nouvelles avenues de financement, certains États ont vu dans le Mobile Money une opportunité fiscale. Cependant, ces taxes, souvent élevées, ont des conséquences directes sur les utilisateurs.
En effet, si le coût des transactions devient trop élevé, de nombreux utilisateurs pourraient être tentés de revenir à l’économie informelle, échappant ainsi à la surveillance réglementaire et fiscale. Cela pourrait non seulement priver les gouvernements de revenus fiscaux, mais aussi exposer les utilisateurs à des risques financiers accrus. Pour les populations à faible revenu, pour qui chaque centime compte, ces coûts supplémentaires peuvent être dissuasifs.
Il est évident que le Mobile Money est bien plus qu’une simple technologie ou qu’un service financier ; il est le reflet d’une transformation profonde de la manière dont l’Afrique interagit avec l’économie mondiale. Il symbolise l’adaptabilité, la résilience et l’innovation du continent face aux défis historiques d’inclusion financière. Alors que le Mobile Money continue de croître et de se diversifier, offrant de nouvelles opportunités et services à des millions d’Africains, il est impératif que les décideurs et les régulateurs travaillent de concert pour soutenir cette croissance tout en protégeant les intérêts des consommateurs.
Retrouvez l’ensemble de nos articles Africa tech