Les pays du Sahel unis face au défi de la désertification

Les pays du Sahel unis face au défi de la désertification

22 septembre 2025

La bande sahélienne, qui s’étend de l’Atlantique à la mer Rouge, fait partie des régions les plus vulnérables au changement climatique. Sécheresses récurrentes, dégradation des sols, raréfaction des ressources en eau : la désertification y progresse à une vitesse alarmante, menaçant la sécurité alimentaire, les équilibres sociaux et la stabilité politique. Face à ce défi commun, les pays du Sahel multiplient les initiatives pour restaurer leurs terres et bâtir un avenir plus résilient.

Chaque année, ce sont des millions d’hectares de terres arables qui disparaissent, grignotés par le sable et épuisés par la surexploitation agricole. Selon la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), près de 80 % des terres agricoles au Sahel sont aujourd’hui dégradées. Cette perte entraîne une baisse des rendements, une insécurité alimentaire croissante et, par ricochet, une accentuation des tensions sociales. Les populations rurales, qui dépendent largement de l’agriculture de subsistance et de l’élevage, sont les premières touchées. Beaucoup n’ont d’autre choix que de migrer vers les villes ou au-delà des frontières, accentuant ainsi les pressions démographiques et parfois les conflits. La désertification n’est donc pas seulement une crise écologique : elle est également une crise économique et sécuritaire.

Des initiatives ambitieuses face à l’urgence

Lancée en 2007 par l’Union africaine, la Grande Muraille Verte (GMV) est l’initiative phare de la région. L’objectif : créer une bande végétalisée de près de 8 000 kilomètres de long et 15 kilomètres de large, traversant 11 pays du Sahel, du Sénégal à Djibouti. Si le projet a connu des retards et des difficultés de financement, il a néanmoins permis d’importantes avancées. Le Sénégal, par exemple, a déjà restauré plus de 40 000 hectares de terres et planté des millions d’arbres. Le Niger et l’Éthiopie ont également montré qu’avec des techniques de régénération naturelle assistée, il était possible de reverdir des zones arides et de redonner vie à des sols autrefois stériles. Au-delà du symbole, la GMV incarne une approche intégrée : elle combine reforestation, pratiques agricoles durables, gestion de l’eau et développement communautaire. Les pays du Sahel ont compris que cette lutte contre la désertification dépasse les frontières nationales. C’est pourquoi ils s’efforcent de renforcer leur coopération à travers des cadres régionaux tels que le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS). Des programmes financés par la Banque mondiale, l’Union européenne ou encore le Fonds vert pour le climat appuient ces efforts, en finançant des projets de restauration des terres, de gestion durable des pâturages et de développement d’énergies renouvelables. Le Burkina Faso, par exemple, multiplie les projets de micro-barrages et d’irrigation, tandis que le Tchad investit dans des zones agroforestières pour stabiliser les sols et diversifier les revenus des agriculteurs.

Les défis à surmonter pour un enjeu global

Malgré ces initiatives, les obstacles restent considérables. Le financement demeure insuffisant : sur les 33 milliards de dollars promis en 2021 par la communauté internationale pour accélérer la Grande Muraille Verte, seule une partie a réellement été débloquée. La gouvernance fragmentée, les conflits armés dans plusieurs pays (Mali, Burkina Faso, Niger) et l’instabilité politique ralentissent également la mise en œuvre des projets. Par ailleurs, les communautés locales ne sont pas toujours pleinement intégrées aux décisions, alors qu’elles détiennent souvent un savoir-faire ancestral en matière de gestion des sols et des ressources naturelles. Les experts insistent sur l’importance de placer ces populations au centre des politiques de lutte contre la désertification, afin de garantir leur appropriation et leur pérennité. Car ce défi sahélien dépasse largement le cadre africain. La désertification contribue aux migrations internationales et à la montée des tensions géopolitiques. À l’inverse, une restauration réussie des terres pourrait devenir un levier de stabilité, de prospérité et de lutte contre le changement climatique. En investissant dans la régénération des sols, les pays du Sahel contribuent non seulement à nourrir leurs populations, mais aussi à capter du carbone, à préserver la biodiversité et à créer des emplois verts. La réussite de ces projets est donc une priorité mondiale. Unis par une destinée commune, les pays du Sahel s’efforcent de transformer un défi existentiel en opportunité de développement durable. La Grande Muraille Verte, la coopération régionale et les projets locaux témoignent d’une volonté de résistance et d’innovation. Mais pour inverser durablement la tendance, il faudra une mobilisation accrue des financements, une meilleure gouvernance et une implication forte des communautés. La bataille contre la désertification au Sahel n’est pas seulement celle d’une région. C’est un combat universel, révélateur de notre capacité collective à préserver la planète et à assurer un avenir viable aux générations futures.

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