Diriger, c’est décider ! Bien que cet apanage soit souvent utilisé, pouvons-nous le percevoir comme une réalité facile à atteindre ? L’environnement complexe dans lequel nous vivons complique la prise de décision qui doit constamment s’adapter à cette mouvance. Une question se pose : « Peut-on avec des modèles analytiques résoudre des problèmes réellement complexes »…. Pour aborder cette problématique nous devons faire la distinction entre la complexité et la complication ! Nous proposons de construire cette réflexion en partant de deux postulats[1] :
Nous partons de l’hypothèse que pour aborder une situation complexe il faut passer d’un registre de recension des connaissances disciplinées à celui des méthodes d’enrichissement des connaissances actives. Passant ainsi d’un modèle analytique à la modélisation d’un système d’actions, résultant d’une dualité entre l’action et ses résultats.
Une organisation c’est avant tout une vie sociale, elle s’active, s’auto-organise et construit sa systémique selon son environnement. Pour contribuer à l’intelligibilité d’une organisation complexe il faut constituer une sorte de schéma de référence. Celui-ci intégrant divers traitements de l’information qui doit permettre de formuler et utilement interpréter. C’est par l’information que l’entreprise peut adapter son comportement et se régulariser, elle est un outil essentiel permettant l’ajustement des processus.
Les processus de décision en modélisation systémique sont essentiels[2], ils montrent que le processus de décision est un système de traitement de l’information séquentiel et projectif. Deux approches sont alors possibles :
Ces deux modèles présentent des caractéristiques antagonistes bien que constructives et complémentaires. Nous proposons de nous concentrer sur le premier qui a pour substance un raisonnement par incertitudes que l’on tient pour vraisemblable. Bien évidemment nous ne pouvons écarter l’autre archétype qui lui, a déjà fait ses preuves !
La question qui se pose est : « devons-nous parler d’efficacité ou d’effectivité d’une décision !? ». Si pour le premier il est raisonnable de construire sur un seul critère (lien entre le rapport des ressources consommées et des ressources produites), avec l’effectivité on raisonne sur plusieurs critères qui sont les finalités du système….
Si nous reprenons notre question initiale, il apparaît clairement que les modèles analytiques sont limités pour les problèmes complexes, alors que la variante de la démarche systémique, peut arriver à des solutions satisfaisantes.
Toutefois, elle aussi présente des limites ; car son approche n’est pas optimale pour tous les critères d’un même problème…. La complexité n’est pas chose aisée, ces quelques lignes vont susciter chez les plus compliqués des lecteurs, que son traitement dans les prises de décision ne peut se faire de manière erronée sans provoquer des conséquences pour l’entreprise et notre société….
Dr Philippe Grosjean / Management Consulting
[1] Proposé par le Pr. Jean-Louis le Moigne ; Professeur de sciences des systèmes à l’université d’Aix-Marseille III
[2] Les travaux du Pr. H.A. Simon sont incontournables dans le domaine
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