Dans l’ère du numérique où les innovations technologiques transforment radicalement notre monde, une question se pose : comment les décideurs africains peuvent-ils naviguer vers un avenir numérique qui soit juste et inclusif ? Les avancées technologiques offrent des opportunités sans précédent, notamment dans l’éducation en ligne et l’activisme numérique, mais elles soulèvent également des inquiétudes en matière d’inégalités et de menaces pour les droits et le bien-être. Avec un déficit de participation des femmes et des filles dans le secteur technologique, cette dynamique complexe affecte profondément l’économie et la société. Comment, alors, pouvons-nous équilibrer ces forces contradictoires ?

La sous-représentation des femmes dans le domaine technologique est un phénomène alarmant. Bien que les efforts pour réduire cette brèche aient été entrepris, la différence absolue entre le nombre d’hommes et de femmes actifs en ligne a augmenté depuis 2019. Les obstacles à la connectivité sont encore plus marqués pour les segments marginalisés de la population, tels que les femmes âgées, celles vivant en milieu rural, et les femmes handicapées. Dans les pays les moins avancés, malgré une couverture de réseau mobile étendue, seulement un quart de la population est connectée, avec une prédominance masculine significative. Pour combler ces écarts, il est essentiel de s’attaquer à des facteurs tels que les coûts, l’accès à l’électricité, la confidentialité et la sécurité en ligne, et les normes sociales. La collaboration entre le secteur public, le privé, la société civile et les organisations féminines est cruciale. 

Les stéréotypes de genre 

Les femmes restent minoritaires dans les carrières STEM et l’éducation qui s’y rapporte, représentant seulement une petite fraction des diplômés en ingénierie et des employés dans l’intelligence artificielle. Cette sous-représentation limite leur rôle dans le développement, la recherche, les investissements et les politiques technologiques. Les stéréotypes de genre dissuadent les filles de poursuivre des carrières dans les STEM, et celles qui franchissent le pas sont souvent confrontées à un environnement hostile, à des écarts de salaire importants et à un faible taux d’avancement. 

Pour inverser cette tendance, il est essentiel de fournir un accès généralisé à une connexion à haut débit dans les établissements scolaires et d’assurer une initiation au numérique pour tous. De plus, il est crucial de travailler à l’élimination des préjugés fondés sur le genre dans les écoles et d’offrir des programmes de mentorat pour les filles. La technologie reflète les caractéristiques de ses créateurs, et l’exclusion des femmes des espaces de technologie et d’innovation se traduit par des outils numériques qui ne répondent pas pleinement à leurs besoins. L’absence d’investissements dans des outils numériques favorisant la santé sexuelle et reproductive est un exemple criant. De plus, la sous-représentation des femmes dans les données alimente les préjugés dans les systèmes d’intelligence artificielle, renforçant les inégalités et les stéréotypes. Il est donc impératif de créer des technologies plus inclusives et de réformer la réglementation technologique pour garantir que le développement de la technologie poursuit l’intérêt général avant celui des multinationales.

Enfin, la violence de genre facilitée par la technologie est une préoccupation majeure. Elle se manifeste par des dommages tangibles et perpétue la surveillance, le trafic et d’autres formes d’abus. Les médias sociaux, bien qu’essentiels pour socialiser et s’organiser, sont devenus un véhicule majeur de désinformation et de discours haineux sexistes. Il est urgent de développer des cadres juridiques plus larges et adaptés centrés sur les droits de la personne pour lutter contre ce fléau.

Il est clair que l’ère numérique offre des opportunités considérables pour l’autonomisation des femmes et des filles, mais pose également des défis uniques. La clé pour maximiser les bénéfices et minimiser les risques réside dans une approche holistique qui intègre une perspective de genre dans le développement, l’utilisation et la réglementation des technologies.

Retrouvez l’ensemble de nos articles Décryptage