La Tanzanie envisage autrement la consolidation de son produit intérieur brut. Ce pays de l’Afrique de l’Est dont l’économie est basée sur une agriculture prospère, est importateur à 90% de sa consommation de blé. Sous la bannière de la présidente Samia Suluhu Hassan, la Tanzanie table désormais sur sa production agricole pour augmenter son PIB de 50%.
L’Etat que dirige la présidente Samia Suluhu Hassan depuis le 19 mars 2021, a lancé en ce mois d’avril un plan stratégique prévoyant la métamorphose du secteur au terme de la décennie en cours. Il est prévu dans ce plan stratégique, l’élargissement des terres arables irriguées, le renforcement technique en vue de booster la productivité, les investissements industriels… Sous la direction de la présidente de la République, l’Exécutif a lancé lundi 4 avril, le plan de transformation agricole qui vise à booster le secteur agricole tanzanien et accroître sa contribution à 50% du PIB d’ici 2030, contre 27% actuellement. Soit une augmentation de 23%.
Ce plan stratégique piloté par le ministère de l’Agriculture prévoit notamment l’élargissement des terres arables sous irrigation à 10 millions d’hectares à terme, contre 600.000 hectares actuellement. Il est également question d’équiper les petits agriculteurs et travailler sur les techniques agricoles afin de moderniser la pratique et décupler la productivité. Dans les semaines à venir, un fonds renouvelable pour les intrants et le développement agricoles verra le jour. Par ailleurs, des unités industrielles pour la transformation des produits agricoles sont prévues afin de développer l’agro-business. A cet effet, les autorités tanzaniennes ont lancé un appel aux banques commerciales pour offrir des facilités aux entrepreneurs qui accompagnent le projet.
Pour accélérer le processus l’Etat qui est conscient que son agriculture emploie environ 70% de sa population active, a commencé la distribution de plus de 6.000 motos, de kits d’analyse du sol, de tablettes et autres équipements. Connue pour être une destination touristique prisée en Afrique de l’Est et pour ses richesses minières qui ont longtemps attiré les compagnies occidentales, la Tanzanie est d’abord un pays agricole. Le maïs -céréale la plus consommée- mais aussi le sorgho, le riz, le blé, le millet, le manioc, les bananes, les pommes de terre et les haricots sont les principales cultures vivrières. Dans la case des cultures de rente se trouvent le café, le thé, la noix de cajou, le coton, le sisal et le tabac.
Comme un cheveu dans la soupe, la guerre en Ukraine impacte négativement l’économie de certains pays notamment en Afrique. Depuis plus d’un an, la Tanzanie prévoyait déjà une campagne agricole 2021/2022 compromise par « des précipitations inférieures à la moyenne », souligne un document du ministère de l’agriculture. Malheureusement, la guerre en Ukraine et son incidence sur les cours des matières premières aggrave la situation en Tanzanie. Le pays s’approvisionne beaucoup à l’extérieur pour répondre à la demande intérieure. Si la Tanzanie arrive à exporter une partie de sa production de maïs vers ses voisins dont la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda, le Burundi ou le Kenya, l’approvisionnement à l’étranger pour combler ses besoins est impératif.
Ainsi, les importations de maïs arrivent de l’Union européenne (UE), d’Afrique du Sud, des États-Unis et d’Ukraine. Pour ce qui est du blé, le pays qui s’attendait déjà à une baisse de 22% de sa production locale, reste fortement dépendant de l’extérieur : la Tanzanie importe 90% du blé qu’elle consomme. Ici, le blé vient de Russie, d’Ukraine, d’Australie, du Canada et de l’UE. Si la Tanzanie fait partie des pays africains qui ont opté pour la neutralité dans le conflit ukraino-russe, le gouvernement s’active en interne pour limiter l’impact de cette guerre sur son économie et ses ménages. Le ministère de l’Agriculture mène actuellement des pourparlers avec les importateurs de blé en vue d’encadrer les prix.
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