La Guinée impose la transformation in situ de la bauxite

La Guinée impose la transformation in situ de la bauxite

11 avril 2022

Le président de la transition de la Guinée Conakry a convoqué le 8 avril 2022, les chefs d’entreprises exploitant la bauxite dans son pays. Il leur a demandé de transformer désormais in situ la bauxite extraite. Sur un ton injonctif, le Colonel Mamadi Doumbouya, assurant les fonctions de chef de l’Etat guinéen leur a donné jusqu’à la fin du mois de mai pour s’exécuter.

La guinée du colonel Mamadi Doumbouya s’inscrit dans la dynamique de la transformation locale de ses ressources minières. Au détour d’une séance de travail le 8 avril dernier, le chef de l’Etat Guinéen a donné aux entreprises exploitant la bauxite un délai d’une cinquantaine de jours pour lui présenter un plan de transformation locale. A cet effet, il appelle à la construction d’usines de transformation locale de la bauxite dont la Guinée détient les plus importantes réserves au monde. En effet, selon plusieurs sources, la Guinée hébergerait le tiers des réserves mondiales de bauxite (environ 25 milliards de tonnes). Avec les récentes découvertes, d’autres sources estiment à plus de 40 milliards de tonnes les réserves guinéennes. Conscient de cette réalité, le Colonel-président martèle : « Désormais, la transformation sur place devient incontournable. C’est un impératif. En dépit du boom minier du secteur de la bauxite, force est de constater que les revenus escomptés sont en deçà des attentes. Vous et nous ne pouvons plus continuer ce jeu de dupe qui perpétue une grande inégalité dans nos relations. Il faut la corriger et c’est maintenant ». Le Colonel Mamadi Doumbouya, a par ailleurs fait savoir aux patrons des compagnies minières qu’ils ont jusqu’à fin mai 2022 pour présenter leur plan de construction d’usine de transformation de la bauxite en Guinée. Le président qui milite pour une plus-value des ressources minières de son pays insiste que « la transformation de la bauxite en alumine ne doit pas se militer seulement à la mise ne place des usines de raffineries. Toutes les matières premières et produits rentrant dans la transformation doivent être produits sur place. C’est seulement à ce prix que nos ressources naturelles seront un levier de développement pour nos populations ».

Rompre avec l’exportation de bauxite à l’état brut

La plus-value en entreprise réside dans la capacité à transformer les produits bruts. L’Etat guinéen est dans cette perspective. La bauxite fait partie de ces matières premières pour lesquelles l’Afrique peut se targuer de détenir de très grandes réserves. Cette richesse, Etats et compagnies minières souhaitent en profiter, la chasse au minerai s’étant intensifiée ces dernières années avec la croissance de la demande. Deuxième producteur de bauxite au monde avec 70,2 millions de tonnes en 2019 selon des données de la Banque mondiale, la Guinée dispose de 24,9% des réserves mondiales devant l’Australie. Mais la bauxite guinéenne est exportée à l’état brut. Minerai très important pour la fabrication de l’aluminium utile à la fois dans diverses industries (agroalimentaire et automobile notamment), la bauxite peut être une grande source de développement économique dans le pays si elle est correctement industrialisées. Voilà pourquoi, le président Doumbouya interpelle les exploitants. Ils ont moins de deux mois pour répondre par des plans industriels. Auquel cas, l’Etat prévoit « des pénalités ». Au cours des prochaines semaines, le gouvernement procédera à l’évaluation des conventions signées avec les entreprises minières afin de « rétablir l’équité des relations » entre les différentes parties, et dans la répartition des revenus issus de l’exploitation des ressources minières. Conakry s’engage également à faciliter la mise en œuvre d’usines de transformation de la bauxite au bénéfice des entreprises. Il faut 4 tonnes de bauxite pour produire 2 tonnes d’alumine, et finalement 1 tonne d’aluminium. Mamadi Doumbouya, le réformateur est un officier militaire et homme d’Etat guinéen, né le 4 mars 1980. En 2018, il a commandé le Groupement des forces spéciales de l’armée guinéenne et a porté son grade de colonel en 2020. Il dirige l’Etat guinéen depuis le 5 septembre 2021, date à laquelle il avait annoncé l’arrestation du président Alpha Condé. Invoquant « la situation socio-politique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens », il proclame la mise en place d’un Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) et invite les militaires à rester dans les casernes. Il déclare alors : « Nous n’avons plus besoin de violer la Guinée : on a juste besoin de lui faire l’amour, tout simplement. »

Retrouvez l’ensemble de nos articles Actualités

Recommandé pour vous

Actualité

Nigeria : l’effet domino de la dévaluation monétaire sur le marché de la logistique

Les entreprises nigérianes se sont récemment, retrouvées prises au piège d&rsquo…
Actualité

La RDC redéfinit son partenariat minier avec la Chine

La signature officielle du nouvel accord minier de 7 milliards de dollars entre …
Actualité

Le bénin se tourne vers le Canada pour l’expertise en IA

À l’heure où l’intelligence artificielle (IA) forge l’avenir d…