La dette plombe les grandes entreprises publiques sud-africaines

La dette plombe les grandes entreprises publiques sud-africaines

25 octobre 2023

La capitale sud-africaine, Pretoria, est actuellement en quête de solutions pour endiguer la crise financière qui sévit et redresser les entreprises phares du secteur public en faillite. L’idée maîtresse du gouvernement est de centraliser toutes les participations étatiques au sein d’une holding, remplaçant ainsi la structure ministérielle actuelle. Cependant, des doutes subsistent quant à la capacité de cette démarche à résoudre le dilemme de la gouvernance médiocre qui afflige ces entreprises. L’entreprise d’énergie Eskom, soutenue financièrement par l’État, incarne à elle seule la débâcle et la corruption qui rongent le secteur public de la nation.

Le ministère sud-africain des Entreprises publiques a récemment mis sur la table un projet de loi envisageant la création d’une holding qui regrouperait plusieurs sociétés d’État, dont Eskom Holdings en difficulté et l’opérateur de transport ferroviaire et portuaire Transnet. Baptisé « National State Enterprises Bill », ce document stipule la création d’une société de gestion d’actifs nommée « State Asset Management SOC Ltd. », destinée à unifier les participations étatiques sous une seule et même entité. Cette holding sera chargée d’orchestrer la stratégie de l’État en tant qu’actionnaire, supplantant ainsi le ministère des Entreprises publiques dans la supervision des participations étatiques dans le secteur public.

Ce projet intervient dans un contexte où de grandes entreprises publiques sud-africaines sont embourbées dans des déficits et submergées par une dette écrasante, des maux principalement engendrés par une gestion défaillante et une corruption omniprésente. Le cas d’Eskom est particulièrement illustratif, avec ses centrales à charbon obsolètes et sa capacité de production insuffisante, plongeant l’Afrique du Sud dans une crise énergétique profonde qui entrave la croissance économique. Les coupures d’électricité fréquentes sont devenues monnaie courante pour les ménages et les entreprises, accentuant la pression économique. L’incidence potentielle de cette initiative gouvernementale sur l’économie et la vie quotidienne est complexe. D’un côté, la formation d’une holding pourrait offrir une supervision centralisée et améliorée des entreprises publiques, et potentiellement rehausser leur rendement financier et opérationnel. De l’autre, le succès de cette démarche repose sur l’établissement d’une gouvernance rigoureuse et transparente pour éradiquer la corruption et instaurer une gestion efficace – des défis historiques pour le secteur public.

De surcroît, la revitalisation des entreprises publiques, spécialement Eskom, est impérative pour stabiliser l’approvisionnement énergétique, un élément essentiel pour stimuler l’économie et améliorer la qualité de vie. Toutefois, la réussite de cette transition nécessitera une détermination politique robuste et une coopération étroite entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile pour surmonter les obstacles structurels et fonctionnels. 

Pour une culture administrative renouvelée

Certains analystes trouvent d’ailleurs que cette proposition gouvernementale de centraliser les participations étatiques au sein d’une holding unique se présente comme une réponse louable aux dilemmes financiers et opérationnels qui tourmentent le secteur public sud-africain. En théorie, cette démarche pourrait harmoniser la gestion des actifs publics, en apportant une vision unifiée et une gouvernance consolidée, éléments souvent éparpillés sous l’égide ministérielle actuelle. De plus, cette centralisation pourrait favoriser une meilleure allocation des ressources, une optimisation de la gestion des capitaux et, en fin de compte, une amélioration des performances financières des entreprises publiques.

Cependant, cette proposition soulevée par Pretoria n’est pas exempte de scepticisme. Le principal enjeu réside dans la capacité du gouvernement à instaurer et maintenir des réformes structurelles durables qui vont au-delà du simple remaniement organisationnel. La création d’une holding ne sera fructueuse que si elle s’accompagne d’un engagement ferme envers une gouvernance transparente, éthique, et responsable. Cette exigence met en lumière la nécessité d’une culture administrative renouvelée, marquée par la reddition de comptes, la compétence et l’intégrité. Le succès de la mise en œuvre de ce projet de loi dépendra en grande partie de la volonté politique et de la capacité des dirigeants à éradiquer la corruption et à promouvoir une gestion efficace et transparente. La tâche est herculéenne, compte tenu de l’ancrage profond de la corruption et des pratiques de gestion médiocres dans le secteur public.

Par ailleurs, la réforme proposée nécessitera une coordination minutieuse avec les différents acteurs concernés, ainsi qu’une communication claire avec le public et les parties prenantes sur les avantages attendus et les mécanismes de contrôle mis en place pour garantir la responsabilité et la transparence.

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