La crise des pièces de monnaie au Cameroun prend des proportions inquiétantes, entravant le quotidien des commerçants et des consommateurs. Les effets de cette rareté se ressentent dans divers secteurs d’activité, des stations-services aux marchés de vivres, mettant en exergue une faille dans le circuit monétaire du pays.

Les consommateurs sont tout aussi affectés. Un acheteur exprime son désarroi : « C’est un casse-tête. Avec un billet de 1000 francs, si vos achats s’élèvent à 600 francs, le vendeur vous dira qu’il ne peut pas rendre 400 francs. » Qu’est-ce qui sous-tend cette rareté de la petite monnaie ? 

Selon Ecomatin, la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) a récemment injecté plus de 4 milliards de FCFA en billets et en pièces, soit une hausse de 12% par rapport à 2020. Le Cameroun, étant le moteur économique de la CEMAC, a reçu 42% de cette somme, représentant plus de 1,728 milliard de FCFA. Cependant, cette initiative n’a pas pallié la pénurie de petite monnaie. Dr. Jean Marie Biada, un économiste camerounais, évoque trois facteurs explicatifs. Premièrement, la rétention des pièces par certains acteurs, qui les utilisent comme des ‘cochons tirelires’. Deuxièmement, la détérioration physique des pièces en circulation, qui réduit leur nombre effectif. Et troisièmement, la non-adaptation des dénominations monétaires aux prix pratiqués dans le marché.

Un ralentissement des transactions commerciales

La pénurie de petite monnaie au Cameroun entraîne un ralentissement considérable des transactions commerciales. Cette situation implique une perte de temps considérable pour les commerçants et les consommateurs, souvent obligés de chercher de la monnaie ailleurs ou d’attendre que d’autres clients apportent la monnaie nécessaire. Cette lenteur dans les transactions crée des files d’attente plus longues, des heures de service prolongées pour les commerçants et une diminution générale de l’efficacité dans le secteur du commerce de détail. Par ailleurs, la frustration engendrée chez les consommateurs peut conduire à une réticence à faire des achats, surtout lorsqu’ils anticipent des complications dues au manque de monnaie. La réduction du pouvoir d’achat est une autre conséquence directe, car les consommateurs peuvent se retrouver dans l’impossibilité de dépenser la totalité de l’argent qu’ils ont sur eux, affectant ainsi la circulation monétaire et, par ricochet, l’économie à petite échelle.

Face à ce problème persistant, la nécessité d’une réforme monétaire devient évidente. Cette réforme pourrait envisager la création de nouvelles dénominations de pièces ou de billets facilitant les transactions quotidiennes. Une autre piste pourrait être l’amélioration de la distribution des pièces existantes à travers des mécanismes efficaces impliquant les banques et autres institutions financières. L’objectif serait d’assurer une circulation fluide de la monnaie, permettant ainsi de résoudre les problèmes de rendu de monnaie qui entravent actuellement l’activité commerciale. De plus, des initiatives pour encourager les paiements digitaux pourraient également être explorées comme solution à long terme pour pallier le manque de petite monnaie et moderniser le système monétaire du pays. Une telle réforme, associée à une amélioration de l’accès aux solutions de paiement numérique, pourrait contribuer à résoudre la pénurie de petite monnaie et, par la même occasion, propulser l’économie locale vers une ère plus moderne et efficiente.

Il est clair que la pénurie de petite monnaie au Cameroun est une problématique qui nécessite une attention urgente. Elle souligne la nécessité d’une réflexion approfondie sur la structure monétaire et les systèmes de paiement afin de promouvoir une économie plus fluide et inclusive, capable de soutenir la croissance et le développement dans cette nation centrafricaine.

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