Interview de Uche Pezard: « il faut éviter la généralisation de l’idée que l’Afrique est « un marché »

Interview de Uche Pezard: « il faut éviter la généralisation de l’idée que l’Afrique est « un marché »

14 janvier 2022

Interview de Uche Pezard – Directrice Générale du cabinet Luxe Corp Group (Founder & Chief Curator de Luxury Connect Africa)

Africa CEO: Luxury Connect Africa s’est fixé des objectifs ambitieux, quel bilan pouvez-vous établir à ce jour ?

Uche Pezard : L’idée du luxe associée à l’Afrique était impensable il y a quelques années. Nous avons décidé de changer cela au sein de LUXURY CONNECT AFRICA en créant un mouvement pour relancer le luxe en Afrique et accélérer sa croissance, son évolution économique ainsi que sa transformation sociale.

LUXURY CONNECT AFRICA est une société pionnière qui propose une plate-forme mondiale pour le luxe africain. Notre objectif est de dévoiler le riche patrimoine créatif, artisanal et entrepreneurial de l’Afrique et de l’utiliser pour transformer l’environnement socio-économique de l’Afrique tout en équipant les marques de luxe d’origine africaine afin qu’elles deviennent des références mondiales. Nous sommes au tout au début de l’émergence d’une économie du luxe en Afrique et nous visons à la développer au-delà des 50 milliards de dollars au cours des dix prochaines années.

Africa CEO: Vous énoncez l’idée selon laquelle le marché international n’est pas l’unique vecteur du luxe en Afrique, mais que celui-ci peut partir d’Afrique pour toucher et pénétrer le marché global. Comment se déploie ce changement de paradigme ?

Uche Pezard : Tout d’abord, quand on parle de luxe africain et de « marché international », il faut éviter la généralisation de l’idée que l’Afrique est « un marché » parce que l’Afrique n’est ni un marché ni un pays mais un continent de 55 pays avec plusieurs marchés dans chaque pays. L’Afrique, en tant que continent, représente une zone de marché international avec plusieurs pays faisant du commerce les uns avec les autres avec des capacités différentes.

Notre approche pour changer les préjugées par rapport à l’Afrique au sujet du luxe se repose sur nos « 3 piliers du luxe africain » qui sont 1. Dis-le, 2. Montrez-le et 3. Façonnez-le. La partie « Dis-le » est assurée par les conférences et les séminaires. La partie « Montrez-le » passe par les salons professionnels que nous organisons pour présenter les collections des plus grandes marques de luxe africaines. La partie « Façonnez-le » est l’accompagnement que nous offrons aux marques de luxe africaines, aux créateurs et aux artisans, par le biais de formations, conseils, mentorat et investissements. Tout cela représente beaucoup de travail, mais nous nous engageons à faire en sorte que le luxe africain dispose d’un plan de réussite et devienne une référence internationale.

Africa CEO: Vous inscrivez l’Afrique dans une perspective à long terme. Quelles pourraient être les infrastructures, les politiques à mettre en place, susceptibles de consolider le luxe africain et quels seraient les risques auxquels les investisseurs pourraient faire face ?

Uche Pezard : Pour assurer la faisabilité et la pérennité de l’économie du luxe en Afrique, nous devons penser à la fois à long terme mais également à court terme. Le luxe est une industrie florissante qui compte des entreprises parmi les plus développées au monde. En ce qui concerne l’Afrique, nous devons reconnaître que nous en sommes encore au tout début de l’émergence d’une économie du luxe en Afrique et qu’il faudra plusieurs années pour qu’il devienne un secteur économique consolidé, comme ailleurs dans le monde.

Luxury Connect Africa – Uche Pezard (c) remet le prix « African Luxury Heritage Award » à Tiffany Amber (l & r)

Cependant, nous sommes dans un environnement dynamique avec les frontières géographiques qui sont devenues floues en raison du digital et des réseaux sociaux. Les marchés mondiaux convergent comme jamais auparavant et cela accélère la croissance du luxe africain. Les marques de luxe africaines peuvent proposer leurs collections directement aux clients dès le lancement et atteindre une rentabilité au cours de la première année d’exercice. L’Afrique entre dans le monde du luxe mondial avec un badge de « Global Africa » et cela fait toute la différence. Auparavant, on disait qu’il fallait trente ans pour développer une marque de luxe mondiale, mais aujourd’hui on n’a besoin que de trois ans !

Par Nathalie Kemadjou

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