Conservation en Afrique : le rhinocéros blanc progresse, le noir lutte pour survivre

Conservation en Afrique : le rhinocéros blanc progresse, le noir lutte pour survivre

18 juin 2025

Longtemps symbole de la lutte contre le braconnage, le rhinocéros blanc d’Afrique semble aujourd’hui tiré d’affaire grâce à un siècle de conservation active. Mais son cousin, le rhinocéros noir, reste en danger critique d’extinction. Entre succès encourageants et menaces persistantes, le sort des rhinocéros illustre les défis actuels de la protection de la biodiversité sur le continent africain.

Après avoir frôlé l’extinction au siècle dernier, les rhinocéros blancs semblent désormais hors de danger. Une réussite qui témoigne du potentiel des politiques de conservation menées sur le long terme. Mais cette victoire, aussi symbolique soit-elle, ne doit pas masquer une réalité plus sombre : celle du rhinocéros noir, dont la survie reste incertaine malgré des efforts croissants. Il y a un siècle, les rhinocéros étaient traqués sans relâche pour leur corne, prisée dans la médecine traditionnelle asiatique et parfois utilisée comme objet de prestige. Cette exploitation massive a décimé des populations entières. Le cas du rhinocéros blanc du Nord, aujourd’hui réduit à deux femelles non reproductrices, en est un triste exemple. À l’inverse, le rhinocéros blanc du Sud, longtemps menacé, doit sa survie à une série de mesures de protection rigoureuses mises en œuvre principalement en Afrique du Sud dès les années 1920. Sa population, estimée à moins de 100 individus au début du XXe siècle, atteint aujourd’hui environ 15 000 têtes. Cette progression spectaculaire s’explique par une volonté politique affirmée, le soutien de la communauté scientifique, des financements solides et l’engagement constant des ONG et des communautés locales. La création de vastes réserves naturelles, la surveillance armée, et l’utilisation de technologies telles que les drones, capteurs GPS ou la reconnaissance faciale ont également joué un rôle clé dans cette renaissance.

Le drame du rhinocéros noir

Mais l’alerte demeure vive concernant les rhinocéros noirs, plus petits, plus farouches, et plus sensibles encore à la pression humaine. Entre les années 1970 et le milieu des années 1990, leur population est passée de plus de 65 000 à moins de 2 500 individus. Une chute vertigineuse, due au braconnage intensif et à la dégradation de leur habitat. Ces dernières années, la tendance s’est inversée. On estime aujourd’hui leur nombre à environ 6 500. L’espèce reste toutefois classée « en danger critique » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Sur le terrain, les équipes de conservation mènent une lutte quotidienne contre des réseaux criminels organisés. Le commerce de la corne de rhinocéros continue d’alimenter un marché noir international, où le kilo peut se vendre plus cher que l’or. Face à cette menace persistante, certains parcs, comme le Lewa Wildlife Conservancy au Kenya ou le parc national Kruger en Afrique du Sud, ont choisi de décorner préventivement les rhinocéros pour en réduire la valeur aux yeux des braconniers.

Un combat loin d’être terminé

D’autres stratégies émergent également : des programmes de relocalisation ont permis de réintroduire des rhinocéros noirs dans des zones où ils avaient disparu, notamment en Zambie et au Botswana. L’objectif est de reconstituer des populations viables tout en dispersant les risques. Par ailleurs, des initiatives originales voient le jour, comme la création de brigades de rangers féminines, à l’image des célèbres Black Mambas en Afrique du Sud, qui allient action de terrain et sensibilisation des communautés locales. Le cas des rhinocéros illustre les paradoxes de la conservation moderne : il ne suffit pas de sauver une espèce pour garantir sa survie. Les progrès réalisés pour le rhinocéros blanc ne doivent en aucun cas conduire à une baisse de vigilance. Le défi reste fondamentalement le même : conjuguer volonté politique, implication locale et coopération internationale pour protéger des espèces menacées par des logiques économiques globales. Les rhinocéros noirs ne sont plus au bord de l’abîme, mais ils n’en sont pas encore sortis. Leur avenir dépendra de notre capacité à transformer des succès isolés en stratégies durables, à faire de la préservation de la biodiversité une priorité concrète — et non un simple slogan. Car dans la lutte contre l’extinction, il n’y a pas de victoire définitive, seulement des équilibres précaires à préserver, jour après jour.

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