Centrafrique – Appropriation des monnaies électroniques

Centrafrique – Appropriation des monnaies électroniques

1 septembre 2022

La République centrafricaine a réalisé un exploit en trois jours dans la vente des cryptomonnaies.  Un chiffre d’affaires de plus de 12 millions de sango coins a été fait pour une valeur d’environ 1,2 million de dollars.

La Centrafrique prend le contrepied de l’évolution des cryptomonnaies dans le monde avec l’expansion de Sango. Sur les 210 millions de sango coins proposés à la vente à la fin du mois de juillet par la République centrafricaine, 12,1 millions ont trouvé des acquéreurs en l’espace de trois jours, selon les données publiées le mercredi 27 juillet au soir sur le site officiel dédiée à la cryptomonnaie nationale centrafricaine. Ces ventes ont rapporté au premier pays africain à avoir adopté le bitcoin comme monnaie légale 1,2 million de dollars. Le prix unitaire du sango coin de 0,10 dollar. Le sango coin porte les attributs d’une « monnaie numérique nationale ». Cette monnaie numérique centrafricaine est mise en vente avec un investissement minimum de 500 dollars à payer en cryptomonnaies, notamment en Bitcoin et en Ethereum, d’après les données publiées sur sango.org et reprises par l’Agence Ecofin. 

Douze autres opérations de vente de sango coins sont prévues, avec des prix qui augmenteront à chaque fois. Le sango coin se bonifie déjà et sa valeur passera à la prochaine vente de 0,10 à 0,15 dollar. A cette occasion, les investisseurs étrangers pourront acheter la citoyenneté pour 60.000 dollars en cryptomonnaies à condition de détenir des sango coins équivalents pendant cinq ans à titre de garantie, et la « e-résidence » pour 6000 dollars détenus pendant trois ans. Un terrain de 250 mètres carrés est également proposé pour 10.000 dollars aux investisseurs qui acceptent de conserver les sango coins pendant une décennie. Le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, avait annoncé le dimanche 3 juillet, que le sango coin deviendrait « le catalyseur de la tokénisation des vastes ressources naturelles » du pays. Il avait également annoncé le lancement d’une « Crypto Island » présentée comme une zone franche à fiscalité nulle où des palaces, des casinos, un grand stade et un parc aquatique seraient construits. 

Dévoilé pour la première fois en mai 2022, le projet sango (une des langues officielles du pays) vise essentiellement à faire de la Centrafrique un hub international d’investissement et de développement de la cryptomonnaie. Deuxième pays le moins développé du monde selon l’ONU, la Centrafrique est devenue en avril dernier, le premier pays d’Afrique et seulement le deuxième au monde (après le Salvador) à adopter le Bitcoin comme monnaie officielle. L’adoption de la finance numérique par ce pays déchiré depuis 2013 par une guerre civile a suscité de fortes appréhensions de la part de plusieurs institutions financières internationales et régionales, dont le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC). Les détracteurs du projet sango le jugent par ailleurs, « irréaliste » dans un pays où le taux de pénétration d’Internet est d’environ 11%, et le taux d’électrification se limite à 14,3%. Malgré les limites du pays à tenir un tel pari qui nécessite à la fois la fourniture régulière de l’Internet et de l’électricité, le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra fait de la monnaie numérique un défi personnel qui tend à se concrétiser. 

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