Photo © Cartier
Dans l’univers de la parfumerie, Mathilde Laurent, parfumeur attitré de Cartier depuis 2005 fait figure d’avant-gardiste. Elle apporte au parfum un supplément de sens et de poésie, d’imagination et d’inventivité dans un domaine souvent trop normatif. Sa manière bien à elle d’élever l’âme par la beauté de l’olfactif. Pour Cartier, elle réalise une parfumerie qui fuit l’ennui du consensus, ancrée dans l’histoire de la parfumerie et de l’art du parfum. Elle traduit le style de la Maison à travers des fragrances inédites et intemporelles à l’image des créations joaillières.
Installée depuis plusieurs années au sein de la Fondation Cartier, Mathilde Laurent, parfumeur Cartier, recrée son laboratoire rue du Faubourg Saint-Honoré, au cœur du triangle d’or. Elle se rapproche de l’épicentre de la haute joaillerie place Vendôme, un univers qui fait écho à ses parfums, conçus comme des parures invisibles. Une manière inédite d’aborder l’univers du parfum et d’en décloisonner les frontières. C’est sur la terrasse avec vue sur le toit de la Madeleine que siège un escalier de méditation et que poussent les plantes destinées à être cueillies le matin même afin d’être dégustées sous la forme de parfums chauds à boire.
Son laboratoire est à son image : un lieu singulier et polysensoriel qui laisse libre cours à l’imagination et croise toutes les disciplines artistiques, du parfum au street art, de la photographie à la musique, et qui consiste à faire ressortir l’idée que tout est olfaction. Installé sous les toits comme un appartement parisien, le laboratoire est un lieu de vie à l’image de Mathilde Laurent qui en a choisi le mobilier biomorphique modélisé au plus près des formes corporelles : table et sofa, bureau, chaises sanglées de rose, et galets d’assise. Dès l’entrée, la fantaisie et la créativité de Mathilde Laurent s’y expriment à travers la présence d’un nez en plâtre comme sorti du mur. Un clin d’œil sous la forme d’un moulage issu des collections helléniques du Musée des arts décoratifs.
Qu’il s’agisse des phrases inscrites au feutre dans l’encadrement de chaque fenêtre comme « Un beau parfum est celui qui vous procure un choc » d’Edmond Roudnitska, aux plantes omniprésentes qui trouvent asile dans les ampoules à décanter : ici tout se situe au croisement de la nature et de la chimie. Des plantes associées entre elles et submergées d’eau chaude comme si on allait les distiller, à boire dans un simple bécher servi dans le laboratoire, laborabar, lieu organique et expérimental où s’organisent des rencontres créatives. Une expérience olfactive qui rappelle que la parfumerie n’a pas toujours été mondialisée, et qu’à certaines époques, elle se faisait à même le jardin.
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