Photos © Naza Alakija
Africa CEO : Fondatrice de l’organisation SAGE, vous êtes engagée dans des actions liées à des thématiques relatives à l’environnement et au changement climatique, et vous contribuez à l’émergence de jeunes entrepreneurs sociaux. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre organisation et notamment sur sa politique ?
Naza ALAKIJA : SAGE est un acronyme signifiant Social Accelerator for A Green Economy (accélérateur social pour une économie verte) dont l’intitulé illustre et explicite la nature même de notre action. Notre organisation, à but non lucratif, a pour but d’accompagner les économies vertes en première ligne de front sur le changement climatique, du Moyen-Orient à l’Afrique, en procédant dans ces régions au renforcement des petites et moyennes entreprises, ainsi qu’en y développant des solutions endogènes pour faire face au défi du changement climatique auquel elles sont confrontées. Nous proposons des formations et du mentorat et nous facilitons l’accès au financement dans un but d’apporter des solutions technologiques audacieuses aux communautés et aux nations qui en ont le plus besoin.
Africa CEO: Quelles sont les mesures à adopter pour faire face au changement climatique, compte tenu du fait que son impact peut varier selon les différents pays ?
Naza ALAKIJA : Bien que les impacts du changement climatique se manifestent différemment d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre, le réchauffement climatique de notre planète nous affecte tous. La Terre est en proie à un certain nombre de problèmes environnementaux qui menacent d’effacer les systèmes, notre humanité et la société tout entière s’ils ne sont pas contrôlés. Six principaux problèmes accélèrent le changement climatique : le déclin de la biodiversité ; la pollution de l’air, des mers et des sols ; la déforestation ; les impacts sur les océans ; la fonte des glaciers ; la surpopulation. Si nous abordons ces problèmes efficacement, nous pourrons sauver notre planète.
Les défis environnementaux contemporains constituent une crise existentielle pour les hommes. Si nous voulons survivre en tant qu’espèce humaine, avec pour ambition de transmettre notre planète aux futures générations, alors nous devons avoir une responsabilité éthique vis-à-vis de ces futures générations, en corrigeant les problèmes environnementaux que nous avons créés. La toute première étape consiste à réévaluer l’éthique environnementale qui a régi notre approche de l’utilisation des ressources naturelles de la planète. Nous devons inscrire comme priorité la protection de l’habitat naturel, même si, à court terme, cela compromet le confort des êtres humains. Nous devons créer de nouvelles valeurs biocentriques pour gouverner l’humanité et protéger notre environnement tout en respectant les droits de l’homme. Un changement est indispensable, voire obligatoire, afin de garantir la survie de l’humanité, des différentes espèces et de notre planète.
Africa CEO : Selon les résultats de recherche publiés dans Science Advances, au cours des trente prochaines années, nous produirons davantage de déchets plastiques. A l’exemple de la Côte d’Ivoire qui a mis en place le projet Côte d’Ivoire’s innovative projects, de quelle manière l’économie circulaire pourrait-elle renforcer le développement des pays africains ?
Naza ALAKIJA : Nous savons que, d’ici 2050, l’océan contiendra une quantité plus importante de déchets plastiques polluants que de poissons, et cela avec des implications colossales. Dans les océans, la pollution due aux déchets plastiques endommage la vie marine, entraînant ainsi la mort prématurée d’espèces et la destruction de l’habitat marin. L’Afrique ne recycle que 4 % de ses déchets et environ 90 % d’entre eux échouent dans les sols. Il est donc évident qu’une économie circulaire régénérerait les systèmes naturels et rendrait ainsi la consommation moins destructrice pour l’environnement.
En mettant en place une économie circulaire, la Côte d’Ivoire s’est placée à l’avant-garde en la matière. Ainsi, en 2019, le pays a lancé une usine – la première du genre sur le continent – qui recycle le plastique en briques destinées à la construction de salles de classe. Au Kenya, les constructeurs navals ont déjà construit des bateaux traditionnels à base de plastiques recyclés, et au Malawi, certaines maisons sont construites à partir de terre emballée dans des sacs en plastique. Des exemples comme celui de la Côte d’Ivoire peuvent – et doivent – être appliqués à travers le continent à la fois pour développer des économies vertes et promouvoir une économie circulaire.
Africa CEO : Votre action en Afghanistan auprès d’enfants et de femmes a été particulièrement remarquée, quand vous avez visité des unités de soins, des installations de distribution d’eau et que vous êtes allée à la rencontre de personnes faisant face à la mortalité infantile. Quel regard portez-vous de votre engagement auprès de l’UNICEF ?
Naza ALAKIJA : J’aime beaucoup les enfants et je suis passionnée par cette mission qui est de veiller sur les enfants à travers le monde, en leur donnant la possibilité d’accéder à l’éducation, de devenir meilleurs et de réaliser leur plein potentiel, et UNICEF Africa rend cela possible pour l’enfance sur le continent. Je continuerai ainsi résolument à travailler avec l’UNICEF dans un but d’impacter positivement les vies d’enfants vulnérables en Afrique et de défendre leurs droits.
Par Nathalie Kemadjou
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