Avenir de la Côte d’Ivoire

Avenir de la Côte d’Ivoire

15 septembre 2025

La Côte d’Ivoire s’apprête à vivre une élection présidentielle cruciale en octobre 2025. Ce rendez-vous électoral, attendu avec impatience mais aussi avec appréhension, intervient dans un climat marqué par des tensions politiques et sociales persistantes. Cinq candidatures seulement ont été validées par le Conseil constitutionnel, une sélection qui a suscité des débats houleux. Parmi les figures écartées, certaines personnalités historiques de l’opposition, comme Laurent Gbagbo ou Tidjane Thiam, ce qui alimente un sentiment d’injustice et fragilise la confiance des électeurs dans le processus démocratique. Cette situation révèle les fragilités institutionnelles du pays et pose la question de l’inclusivité du jeu politique ivoirien.

Des candidats aux profils contrastés

Le président sortant, Alassane Ouattara, demeure le grand favori de ce scrutin. Soutenu par un appareil politique solidement organisé et bénéficiant de l’avantage du pouvoir en place, il mise sur son bilan économique et la stabilité relative du pays au cours de ses mandats précédents. Son discours insiste sur la continuité des politiques publiques, l’attractivité croissante de la Côte d’Ivoire pour les investisseurs internationaux et l’extension des infrastructures modernes à travers le territoire national.

Face à lui, Simone Ehivet Gbagbo représente une opposition profondément enracinée dans l’histoire politique récente du pays. Ancienne première dame, elle incarne pour ses partisans le retour de la justice sociale et la nécessité d’une redistribution plus équitable des richesses nationales. Cependant, son image reste indissociablement liée aux heures sombres de la crise postélectorale de 2010-2011, ce qui limite considérablement sa capacité à élargir sa base électorale au-delà de son socle traditionnel. Jean-Louis Billon, entrepreneur reconnu et homme politique expérimenté, défend quant à lui une vision résolument tournée vers l’économie et l’avenir du pays. Il propose un programme ambitieux de modernisation, de soutien actif à l’entrepreneuriat et aux petites et moyennes entreprises, tout en prônant une gouvernance plus transparente et efficace. Son profil technocratique attire naturellement une partie des classes moyennes urbaines et des milieux d’affaires, mais il doit encore réussir à convaincre les populations rurales, majoritaires dans le pays et souvent plus sensibles aux discours populistes. À leurs côtés, Ahoua Don Mello et Henriette Lagou Adjoua défendent des candidatures certes moins médiatisées mais qui ambitionnent de porter un discours véritablement alternatif. Ils insistent particulièrement sur la nécessité de préserver la paix fragile, de renforcer la cohésion sociale encore précaire et de promouvoir une gouvernance plus participative et démocratique, même si leur poids électoral réel reste difficile à évaluer à ce stade de la campagne.Entre espoirs et incertitudes

Entre espoirs et incertitudes

La dynamique actuelle du scrutin semble, pour l’instant, largement favorable au président sortant. La faiblesse structurelle de l’opposition, divisée en plusieurs tendances et considérablement affaiblie par les exclusions controversées du Conseil constitutionnel, lui ouvre un boulevard vers un nouveau mandat. Pourtant, la situation politique n’est pas définitivement figée : les frustrations sociales croissantes, les attentes légitimes de changement exprimées par une population jeune et les manifestations récurrentes de méfiance envers les institutions peuvent encore créer des surprises électorales significatives. L’une des grandes interrogations de ce scrutin réside dans le rôle déterminant que pourrait jouer la communauté internationale. La Côte d’Ivoire, première puissance économique de l’Afrique de l’Ouest, attire naturellement l’attention soutenue de ses partenaires étrangers qui privilégient avant tout la stabilité politique et économique. Si aucune ingérence directe n’est officiellement avérée, la vigilance reste néanmoins de mise : le poids diplomatique, économique et parfois militaire de certains États influents peut subtilement orienter les équilibres politiques internes. Au-delà des traditionnelles manœuvres de pouvoir et des stratégies électorales, c’est véritablement la capacité des différents candidats à répondre concrètement aux attentes profondes et légitimes des citoyens qui déterminera l’issue finale de cette consultation. L’emploi massif des jeunes, la justice sociale, la réduction effective des inégalités criantes, la lutte implacable contre la corruption endémique et le renforcement de la cohésion nationale constituent les véritables enjeux de fond de cette élection présidentielle. Cette consultation ne sera donc pas seulement un simple choix entre des personnalités politiques, mais représentera aussi une confrontation décisive entre deux visions d’avenir : la continuité rassurante incarnée par Ouattara et l’aspiration au changement défendue, avec des nuances diverses, par ses adversaires déterminés.

Retrouvez l’ensemble de nos articles Actualité

Recommandé pour vous

Actualité

Quand l’Afrique apprend à vieillir

L’Afrique est souvent perçue comme un continent jeune, marqué par une démo…
Actualité

L’association Humanitarian for Empowerment : un engagement durable pour la santé en Afrique

Photo © HFE Dans un monde où les inégalités d’accès aux soins de santé persisten…
Actualité

Conservation en Afrique : le rhinocéros blanc progresse, le noir lutte pour survivre

Longtemps symbole de la lutte contre le braconnage, le rhinocéros blanc d’Afriqu…