L’Afrique de l’Ouest, région en pleine transformation économique, repose largement sur un tissu entrepreneurial dynamique constitué majoritairement de petites et moyennes entreprises (PME). Selon la Banque africaine de développement, celles-ci représentent plus de 90 % des entreprises privées en Afrique et génèrent environ 60 % des emplois formels. Ce constat est particulièrement vrai dans des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Bénin, où elles sont omniprésentes dans le commerce, l’agriculture, les services, l’artisanat et, de plus en plus, les technologies numériques. Souvent de petite taille, parfois informelles, ces entreprises constituent un pilier central de l’économie locale. Dans les grandes villes comme Dakar, Abidjan ou Accra, elles structurent l’activité économique quotidienne, de la vente de produits alimentaires aux services de transport, en passant par les microindustries de transformation. En zone rurale, elles jouent un rôle clé dans la valorisation des productions agricoles, la création de coopératives et le développement de circuits courts. Leur capacité à générer des emplois, notamment pour les jeunes et les femmes, en fait un levier essentiel contre la pauvreté et le chômage, deux enjeux majeurs dans la région.
Au-delà de leur poids économique, les PME ouest-africaines ont un impact social profond. Elles favorisent l’inclusion financière, forment sur le terrain, stabilisent les revenus familiaux et, dans bien des cas, innovent. Par exemple, de nombreuses entreprises agricoles ou artisanales utilisent désormais des outils numériques pour améliorer la productivité ou accéder à de nouveaux marchés. Le dynamisme des fintechs — au Nigeria, au Ghana ou au Sénégal — illustre cette capacité d’adaptation à un environnement en mutation. Malgré leur importance, ces entreprises sont confrontées à de nombreux défis. L’un des plus lourds est l’accès au financement : selon la Banque mondiale, plus de 70 % des PME africaines n’obtiennent pas de prêts bancaires, faute de garanties suffisantes ou de procédures adaptées. S’ajoutent à cela des difficultés liées au foncier, aux infrastructures, à la stabilité de l’électricité, ainsi qu’au manque de formations managériales et techniques. Beaucoup opèrent dans l’informalité, ce qui limite leur accès aux dispositifs de soutien public et aux marchés publics, tout en restreignant leur potentiel de croissance.
Pourtant, les perspectives sont encourageantes. De nombreuses initiatives régionales et internationales cherchent à structurer et soutenir cet écosystème : incubateurs, financements à impact, mesures fiscales incitatives, programmes de digitalisation. La CEDEAO encourage également des politiques d’intégration économique susceptibles de stimuler les échanges et de renforcer la compétitivité des entreprises locales. Le numérique, notamment, constitue une véritable opportunité : plateformes de commerce en ligne, solutions mobiles de paiement, outils de gestion connectés… autant d’innovations qui permettent à des PME de franchir un cap important dans leur développement. En définitive, les PME sont sans doute le levier le plus réaliste et durable du développement économique en Afrique de l’Ouest. Elles incarnent une économie de proximité, inclusive et résiliente, en phase avec les réalités du terrain. Pour qu’elles deviennent de véritables piliers de la transformation du continent, il est toutefois indispensable de renforcer leur accompagnement, d’adapter les politiques publiques à leurs besoins, et de bâtir un environnement propice à leur croissance. Si ces conditions sont réunies, alors oui, les PME seront bien le cœur battant du développement ouest-africain.
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