COP28 et le fonds climatique : ne nous laissons pas tromper

COP28 et le fonds climatique : ne nous laissons pas tromper

5 décembre 2023

Le sommet climatique COP28 a marqué un tournant historique avec l’adoption d’un fonds pour les « pertes et dommages », destiné à indemniser les pays moins fortunés affectés par les changements climatiques. Cette initiative, saluée par une ovation debout à Dubaï, représente un engagement significatif des nations développées et des principaux pollueurs à investir massivement dans un fonds qui redistribuera ces ressources aux pays vulnérables. 

Géré par la Banque mondiale, le fonds a déjà recueilli des promesses initiales de 430 millions de dollars. Pour les Émirats arabes unis, organisateurs du sommet, cette annonce est un soulagement notable, compte tenu de la pression préalable liée à leurs projets d’expansion des combustibles fossiles et la position de leur président des négociations sur le climat. Les Émirats arabes unis ont d’ailleurs contribué à hauteur de 100 millions de dollars américains. D’autres nations, telles que le Royaume-Uni, les États-Unis, le Japon et l’Allemagne, se sont également engagées avec des contributions substantielles, laissant présager une pression croissante sur d’autres pays riches pour rejoindre cette initiative.

Fonds pour les pertes et dommages

Le concept du Fonds pour les pertes et dommages, proposé initialement par Vanuatu en 1991, repose sur la reconnaissance que les pays les plus affectés par le changement climatique sont souvent les moins responsables de cette crise. Ce fonds vise donc à assurer une compensation de la part des pays développés et des principaux émetteurs pour les impacts dévastateurs subis par les pays les plus vulnérables.

Alors que les effets du réchauffement climatique, allant des catastrophes naturelles à l’élévation du niveau de la mer, deviennent de plus en plus tangibles, ce fonds marque la reconnaissance d’un échec global à prévenir les changements climatiques. 

L’idée d’un tel fonds, cristallisée lors des négociations climatiques en Égypte l’année dernière, a depuis été l’objet de discussions intenses pour définir son fonctionnement, ses contributeurs et ses bénéficiaires. Ces discussions ont été ponctuées de désaccords notables sur plusieurs aspects fondamentaux. L’annonce de la COP28, par conséquent, représente un progrès significatif, mais des incertitudes demeurent. Parmi les questions en suspens figurent la taille globale du fonds, sa coordination avec d’autres initiatives similaires, sa gestion à long terme et ses priorités de financement.

La réaction de Mohamad Adhow, représentant d’un groupe de réflexion africain, met en évidence l’absence de délais concrets, d’objectifs précis et l’engagement facultatif des pays, malgré l’intention que les nations les plus riches et polluantes soutiennent les communautés vulnérables.

De plus, la participation de la Banque mondiale comme superviseur du fonds suscite des préoccupations, notamment en ce qui concerne ses pratiques environnementales et sa transparence. Même si le financement initial semble généreux, il reste largement insuffisant par rapport aux coûts estimés des dommages climatiques pour les États en développement, qui s’élèvent à environ 400 milliards de dollars par an. Il est également prudent de ne pas présumer que les promesses se traduiront par des contributions réelles. L’exemple du Fonds vert pour le climat, annoncé en 2009 avec un objectif de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, rappelle que de tels engagements n’ont pas toujours été honorés.

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