Un récent rapport de la Banque Mondiale souligne la nécessité d’un plan ambitieux pour améliorer la productivité des travailleurs en Afrique subsaharienne. L’enjeu est double : catalyser la reprise post-COVID-19 et la prospérité à long terme du continent, tout en se préparant aux répercussions du changement climatique.

Le rapport propose des mesures ciblées pour canaliser les ressources vers les entités les plus productives dans les secteurs clés pour l’Afrique. Parmi les suggestions figurent l’adoption de politiques pour booster la productivité agricole, secteur vital pour la majorité des populations pauvres d’Afrique, et la création d’emplois hors agriculture via un accès amélioré au financement et des systèmes fiscaux optimisés. « Pour éradiquer la pauvreté et favoriser la prospérité en Afrique, une amélioration constante et soutenue de la productivité est cruciale. Vu la gamme de défis auxquels l’Afrique est confrontée, tant au niveau local que global, les décideurs doivent assurer que les ressources limitées sont prioritairement allouées aux secteurs cruciaux pour une croissance inclusive, robuste et durable à long terme », note Albert Zeufack, économiste en chef pour l’Afrique à la Banque mondiale.

L’étude évalue la productivité en Afrique sur près de six décennies, de 1960 à 2017, et la met en perspective avec celle de diverses économies, incluant le Brésil, la Chine, l’Inde et quelques « tigres et dragons asiatiques » (Corée du Sud, Indonésie, Malaisie, Singapour et Thaïlande). Le document suggère des recommandations pragmatiques pour rectifier trois types de distorsions dans l’allocation des ressources qui entravent la productivité :

• Les cadres légaux, notamment fiscaux, par exemple certaines dispositions du code des impôts, les droits de douane sur des catégories spécifiques de produits, les mesures de protection de l’emploi et la réglementation foncière.
• Les actions discrétionnaires des gouvernements ou des banques favorisant ou défavorisant des entreprises spécifiques, comme les subventions, les exonérations fiscales, les prêts à faible taux d’intérêt accordés à certaines sociétés, l’accès préférentiel au marché et les pratiques non équitables d’appel d’offres pour les marchés publics.
• Les dysfonctionnements du marché tels que les monopoles, les frictions sur les marchés (par exemple, les marchés du crédit et fonciers) et l’insécurité des droits de propriété.

La mise en œuvre d’un plan aussi ambitieux pourrait marquer un tournant décisif pour l’Afrique subsaharienne, en modifiant substantiellement sa trajectoire de croissance. Les implications d’une telle transformation sur la vie quotidienne des populations sont vastes et multidimensionnelles. D’abord, l’un des bénéfices les plus tangibles serait la création d’emplois. Un secteur agricole plus productif, couplé à une expansion des emplois hors agriculture, pourrait absorber une part significative de la main-d’œuvre, réduisant ainsi le chômage et l’under-emploi. Cette création d’emplois contribuerait à réduire la pauvreté et améliorerait les conditions de vie de millions de personnes.

Parallèlement, un meilleur accès au financement est crucial pour stimuler l’entrepreneuriat et l’innovation. Avec des systèmes fiscaux plus efficaces et un accès élargi au crédit, de nombreuses petites et moyennes entreprises (PME) pourraient voir le jour ou se développer, jouant ainsi un rôle moteur dans la dynamique économique du continent. L’assouplissement des conditions d’accès au crédit peut également permettre aux ménages de mieux faire face aux imprévus, en facilitant l’accès à des ressources financières en cas de besoin. En outre, l’amélioration des conditions de vie ne se limite pas à l’aspect financier. Un secteur agricole plus performant, par exemple, peut contribuer à la sécurité alimentaire, en assurant une disponibilité et un accès accrus à des aliments nutritifs et abordables. Par ricochet, cela peut avoir un impact positif sur la santé des populations.

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